ou la dictature des nouveaux droits de l’Homme
Intrigué et attiré par ce titre : La face cachée de l’O.N.U. à la Procure, au milieu des ouvrages traitant de l’actualité d’un point de vue chrétien, je me suis demandé ce que pouvait cacher un tel titre ? Quelle fraude voulait-on dénoncer ?
L’auteur, Michel Shooyans, évêque et professeur émérite à l’Université de Louvain, également membre de l’académie pontificale des sciences sociales de Rome, de l’Institut royal des relations internationales de Bruxelles, de l’institut de démographie politique de Paris et du Population Research Institut de Washington, expose dans ce livre une révolution perverse qui s’opère au niveau de la conception du droit de l’Homme. Celle-ci partirait d’un droit inaliénable traditionnel et naturel, comme le droit à la vie et à la liberté vers une nouvelle conception du droit positif décidée, non par la raison, mais par le législateur.
Droit de l’Homme ?
Michel Shooyans rappelle deux dates importantes dans la construction de l’O.N.U. à la suite des deux conflits mondiaux monstrueux. La première, celle de 1945, vit naître la charte de San Francisco qui selon l’auteur est justement issue de la mauvaise tradition du droit, le droit positif. La seconde, en 1948, a été celle de la Déclaration des Droits de l’Homme issue de la meilleure tradition humaniste mettant la dignité de l’Homme au centre de ce document. Celui-ci définit la mission de l’O.N.U. qui doit se porter garante du respect de cette déclaration.
Subversion
L’auteur accuse l’O.N.U., à travers ses multiples conférences, et notamment celles autour de la population et de l’environnement, de vouloir déprogrammer l’Homme pour ensuite le reprogrammer afin qu’il oublie la conception des droits de l’Homme traditionnel et accepte le positivisme des nouveaux droits de l’Homme.
Le consensus
Il dénonce d’abord la culture des Lumières qui supprime toute transcendance, où l’homme devient sa propre mesure en toutes choses et entre ainsi dans la loi de la jungle, la loi déterminée par le plus fort. Car sans transcendance, il n’y a plus de valeurs et de règles universelles ; plus de bien, plus de mal. Nous détruisons ainsi la capacité de l’Homme à discerner. Seule alternative dans ce K.O. : le Léviathan, déterminé par le consensus, ou la tyrannie du plus fort ou du plus nombreux. Michel Shooyans attaque donc l’aveuglement engendré au sein de la population par la fuite et le refus de la vérité.
L’auteur constate qu’ainsi nous pouvons poser de nouveaux principes arbitraires anti-vie, anti-Homme tels que des principes malthusiens écologiques. « Ils concluront que les droits de la Terre Mère l’emportent sur le droit de ces êtres éphémères que sont les Hommes. »
Une religion
Il critique aussi la volonté de l’O.N.U. de vouloir créer une nouvelle religion, c’est-à-dire une église civile séculière au dogme de relativisme dans laquelle l’Homme serait incapable de reconnaître le vrai du faux, le bon du mal.
Il critique également le rôle joué par les O.N.G. pour détruire la souveraineté des nations afin de faire accepter le nouvel état mondial.
L’auteur s’étonne de l’empressement de l’Europe à se soumettre à l’O.N.U., au C.P.I. ou aux nouvelles chartes, en somme aux nouveaux droits de l’Homme. Il s’étonne que l’Europe se soumette aussi facilement et devienne la première victime de la culture de mort du nouveau gouvernement mondial.
L’O.N.U. : nouveau gouvernement mondial
Cette conception furieusement positiviste du droit international nous vient de l’Autrichien Hans Kelsen (1881-1973), conception développée dans son livre Théorie pure du droit.
L’auteur dénonce la volonté de mettre en place un droit international positiviste et pyramidal au sein duquel l’O.N.U. et ses agences seraient au sommet et son droit prévaudrait sur les nations. L’O.N.U. déciderait des attitudes à tenir, des vérités… et pourrait condamner tout hérétique de l’opposition grâce au C.P.I. et l’action militaire.
La Famille
Finalement, selon l’auteur, le but de l’O.N.U. dans cette volonté d’imposer les nouveaux droits de l’Homme, c’est de détruire la Famille, c'est-à-dire de détruire le fondement de la construction de tout individu humain, pour mieux le manipuler et le contrôler.
Voici donc dans les grandes lignes le système de l’O.N.U. dépeint par Mgr Shooyans. Un système de contrôle mondial, contre toute idée de souveraineté des nations et des individus ainsi que contre toute idée de subsidiarité. « L’individu (et la nation) doivent obéir au droit parce qu’il est le droit, parce que celui-ci s’identifie à l’Etat et non parce qu’il est raisonnable d’obéir à une loi juste issue par exemple de la raison. »
Un tel système, dans lequel il n’y a plus aucune place pour les droits inaliénables, tels la vie ou la liberté, est largement soutenu par les puissances financières internationales.
Conclusion
Ce livre est un très bon support pour observer l’évolution de la société. Mais cette évolution ne reste que le reflet du changement de cap de la politique des U.S.A. amorcé par l’assassinat du président John F. Kennedy et aussi par l’opération, anti-culture de la vie, de la CIA avec le Congrès pour la liberté de la culture1.
Profitons de la fin du système financier actuel pour demander une conférence internationale en vue d’une nouvelle architecture monétaro-financière type Bretton Woods qui pourrait ainsi lancer un programme de grands projets d’infrastructures internationales, comme le Pont Terrestre Eurasiatique, et mettre sur pied une culture de la vie et de dialogue de civilisation.
1 A lire aussi le Discours de Jacques Cheminade prononcé le 17 novembre 2005 à l’occasion de la conférence Axe pour la paix.