Le Ouest France (le quotidien le plus lu en France : 2,2 millions de Français) semble depuis quelques semaines se faire le grand avocat de la rigueur budgétaire en temps de crise, pour ne pas dire le mot austérité.
Le Ouest France a raison. « Le constat (économique) est saisissant. D’un coté, la croissance ralentit et passe sous le rythme des 2%. De l’autre, le déficit public accélère. Il se rapproche dangereusement de la barre des 3% de la richesse nationale produite (P.I.B.) » Ou encore : « Cette crise rappelle aussi de mauvaises souvenirs, ceux du crack boursier, à New York, qui avait dégénéré quelques années plus tard en crise économique mondiale, la plus grave du XXe siècle. »
Ce qui est étonnant, c’est l’approche proposée pour solutionner la crise qui frappe notre pays, comme en témoigne l’éditorial de Jean Boissonnat, par des affirmations économiques dangereuses. Il prétend d’abord que le contexte a beaucoup changé. « Il y a deux raisons principales pour lesquelles on peut espérer ne pas revoir une catastrophe semblable à 1930. La première est que l’on se souvient de cette catastrophe et que l’on ne commettra pas les mêmes erreurs de politiques économiques qu’à l’époque. En particulier, on n’asséchera pas le volume de monnaie en circulation. » Et dans ce sens il constate que les banques centrales font du bon travail. Avec un « merci Trichet » pour conclure le paragraphe. La seconde raison est qu’il y a un meilleur système social que pendant la crise de 29 ; c’est peut-être vrai, mais on est en train de le mettre en pièce, Sarkozy étant très motivé par ça.
Il semble que l’auteur de ces lignes ne connaît pas la crise d’hyperinflation qui mit à mal la République de Weimar en 1924. Les allemands furent obligés d’acheter une baguette de pain avec une brouette de billets. Cette crise a été créée par la surproduction de devises par le gouvernement de la République de Weimar.
Oui, c’est vrai, le contexte a beaucoup changé, le contexte économique est aujourd’hui encore pire que la crise générée en 1929, car elle touche l’ensemble de la planète et la destruction de l’économie réelle est déjà beaucoup avancée.
Mais nous avons commis l’erreur de créer les conditions qui firent la crise économique de 1929 : libéralisation, gonflement de la bulle par des crédits, finalement un contrôle de l’économie par les milieux financier au détriment des plus pauvres.
Ce qui est le plus inquiétant dans tous ces éditoriaux, c’est l’adoration à la divinité du 3% du déficit défini dans le cadre du pacte de stabilité de l’Union Européenne, une recherche de la vertu budgétaire qui rappelle l’entière rigueur voulue par la révolution nationale de Pétain : le front populaire avait trop profité, nous devions maintenant nous punir et nous serrer la ceinture.
Enfin, les éditorialistes accusent les hommes politiques de nous faire payer « la légèreté avec laquelle les finances publiques ont été gérées, depuis de nombreuses années par la droite comme par la gauche, et de tarder à dire la vérité aux Français. »
La vérité ?
Mais de quelle vérité parle Ouest France ? Celle qui consistait à dire aux Français que des intérêts financiers ont poussé le président Nixon à mettre fin aux accords de Bretton Woods par la rupture de la convertibilité de l’or et du dollar, le 15 août 1971 ; ce qui engendra une économie de la loi du plus fort, une économie brutale, qui démantela et ravagea toutes les économies des pays développés (délocalisation, chômage, impôts etc.) en exportant les industries dans des pays où on pouvait esclavager le peuple ?
Ou la vérité qu’il faut bien finir par avouer : le peuple doit maintenant payer pour les dizaines d’années de débilité du système, le peuple doit payer la dette ?
J’ai une bonne nouvelle !!!
C’est que ce système de pillage systématique est mort, le cancer de la finance des années 80 et 90 aura eu raison du système libéral. Aujourd’hui, il n’y a pas de solution au sein même du système, nous ne pouvons plus penser de solution dans le système, nous flirtons avec l’explosion ou l’implosion du système. Hyperinflation ou assèchement !!!
Et ceci n’est nullement un secret, il y a une crise structurelle, et les gouvernements et les financiers le savent.
Face à cette crise, deux approches.
La première est l’approche des financiers, celle des parrains du système, celle que le Ouest France semble privilégier. C’est la solution de Shatch et de Laval, qui consiste à faire payer le poids de l’incompétence et le pillage de la haute finance en imposant des gouvernements et des lois d’exception (comme en Europe dans les années 30). C’est la promotion de l’austérité, de la coupe sauvage du budget public, de la mise en place de camps de travail gratuit, et surtout la mise en place d’un système politique liberticide. Souvenez-vous où mène ce genre de politique ?
Il y a une autre solution, pour laquelle je milite avec mes amis, c’est la solution de Franklin Delano Roosevelt, la solution inspirée du système d’économie politique américain des Pères fondateurs (Alexandre Hamilton). Il s’agit du système qui fit passer les Etats-Unis d’une colonie Britannique sous-développée à la fin du XVIIIe à la principale puissance économique à l’aube du XXe siècle. C’est aussi cette tradition qui inspira Franklin Delano Roosevelt lors de son discours d’investiture en mars 1933 et permit de mettre en place le New Deal, une politique remettant en cause les dogmes libéraux au profit d’une politique au service de l’intérêt général et non des financiers.
Nouvelle tragédie ?
Voici l’image de la tragédie des années 30, pendant que l’Europe s’enfonçait dans la crise, l’austérité, puis la guerre. Les États-Unis re-décollaient et se développèrent au point de pouvoir libérer l’Europe de l’emprise du nazisme et de la mise en place d’une structure économique anti-impérialiste avec les accords de Breton Woods qui permirent le développement des trente glorieuses. Est-ce que nous souhaitons la même issue à cette tragédie ?
Contrairement à ce que prétend le Ouest France, la seul légèreté dont nous pouvons accuser les hommes politique, c’est de ressembler trop au peuple, d’être soumis à l’opinion populaire, et de manquer de courage afin de mettre en place la seule solution pour un avenir pour notre civilisation, de mettre en place un nouvel ordre économique, une architecture monétaire et financière inspirée des accords de Breton Woods afin d’en terminer avec la tyrannie imposée par le club des financiers fascistes qui gouverne l’économie aujourd’hui.
Le Saviez-vous ?
En 1944, le Ouest Eclair céda la place au Ouest France, car le nouveau conseil d’administration de l’époque avait souhaité changer l’image collaboratrice du journal durant l’occupation.
Est-ce que les vieux démons sont de retour ?
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